A propos
Dans Nothing will remain other than the thorn lodged in the throat of this world (Il ne restera rien d'autre que l'épine logée dans la gorge de ce monde), les artistes Noor Abed et Haig Aivazian construisent une performance collective à partir du souffle, des vibrations et du fragile travail de la mémoire. S'inspirant des mots de Wadih Sanbar, qui décrivait la Palestine comme une arête de poisson logée dans la gorge du monde, les artistes explorent la manière dont les corps portent des histoires qui dépassent ce que le langage seul peut supporter. La longue correspondance entre Abed et Aivazian (anecdotes, poèmes, lectures, chansons et réflexions quotidiennes) est retravaillée en une partition de sons, de textes et de mouvements. Halètements, toux, fredonnements et sifflements activent l'architecture interne du corps, chaque organe introduisant son propre registre affectif, prêtant ainsi attention aux résidus sensoriels et sonores d'un moment historique marqué par le bourdonnement intensifié de la violence génocidaire. Tout au long de la pièce, les spectateur∙ices sont invités à se joindre à de simples gestes vocaux. Ces sons partagés transforment progressivement le public en une chambre de résonance, un chœur disparate et temporaire. Le théâtre devient un espace de synchronisation et d'action, où la vibration collective contrecarre momentanément l'isolement, examinant l'acte de se souvenir comme une pratique active et collective. Commandée par Mophradat pour le festival Read the Room (Kaaitheater, 2024), l'œuvre revient dans It Takes a City comme une invitation à écouter attentivement – le souffle qui reste, les histoires logées dans la gorge – et à continuer de respirer dans un monde tendu par la violence et la fatigue. • Noor Abed travaille à la croisée de la performance et du cinéma, combinant les formes « mises en scène » et « documentaires ». Sa pratique examine les notions de chorégraphies sociales et de formations collectives, explorant le lien entre la notion de « synchronie » et l'action sociale. En 2020, elle a cofondé la School of Intrusions, un collectif éducatif indépendant à Ramallah, en Palestine. Abed a été artiste en résidence à la Rijksakademie d'Amsterdam (2022-2024). Son livre Stars at Midday a été publié par Occasional Papers en octobre 2024. • La pratique de Haig Aivazian s'intéresse à la nature métamorphique de trois technologies : la lumière artificielle, l'informatique et le droit. Il examine comment la gestion de la lumière et de l'obscurité façonne et défait les personnes et transforme les conditions matérielles de l'architecture et de la géographie, c'est-à-dire la manière dont elles sont habitées et traversées par les êtres humains, les animaux, les objets, les machines et d'autres créatures étranges. Aivazian a été directeur artistique du Beirut Art Center (BAC) de 2020 à 2022, où il a fondé et édité le site thederivative.org.