Art Pops - Belfius Art Gallery
Saint-Josse-ten-Noode - Bruxelles
Nous sommes ravis de vous présenter les œuvres de deux artistes allemands, Yvette Kießling (peinture) et Edgar Leciejewski (photographie). Pour cette exposition, nous collaborons avec la Kusseneers Gallery afin de présenter leurs œuvres dans ce magnifique espace. Nous nous réjouissons de vous accueillir !
land.scape.travelling.light
Plus que jamais, les frontières et les ponts déterminent notre façon de vivre ensemble – et nous laissent avec la question de savoir où nous en sommes.
Le « w-all » d'Edgar L. sépare brutalement non seulement les paysages, mais aussi les personnes et les réalités. Nous restons bloqués d'un côté. Autour de nous, nous ne trouvons pas une nature intacte, mais les programmes omniprésents avec lesquels nous essayons de contrôler, d'ordonner et de comprendre celle-ci et nous-mêmes. En renonçant aux paysages esthétisés, l'artiste se concentre sur les récits de séparation et de divisibilité – tant réels que fictifs, tant frappants que discrets. Les motifs ne remplissent qu'une partie du support visuel, avec des commentaires manuscrits en arrière-plan – de petits paratextes comme un miroir social. Des lignes colorées entourent et excluent les mots écrits, et des clous accentuent les poutres, révélant leur nature fragile. L'espace visuel suggère une topographie du contrôle, rompue par cet humour en arrière-plan. Le paysage que nous voyons ici n'est ni une force primitive chaotique, ni un vide domestiqué. Nous assistons à la transition des peurs du non-être et de la réticence vers la volonté de les surmonter. Un espace s'ouvre à l'indignation et à l'empathie. Le vide derrière la zone frontalière est comblé par la nature – par l'abondance vivante de la toile, qui contraste avec le vide de la frontière tout en perpétuant l'atmosphère mentale du même fondement philosophique. La nature telle qu'elle nous est présentée ici est la force originelle qui, comme en résistance, échappe à toutes les tentatives humaines d'organisation et de changement.
La série « Mbuzi »* d'Yvette Kießling dévoile une histoire qui lui est propre et contredit le vide choquant des paysages frontaliers sans se perdre dans des platitudes. En regardant ces œuvres, on peut s'imprégner des couches de couleurs étroitement superposées, qui rappellent la canopée des forêts tanzaniennes des montagnes Usambara, protégées par les fougères arborescentes qui se dressent comme des gardiennes silencieuses aux abords des sentiers, dans les vallées et les vallons de la forêt. Les buissons de savon, importés à l'origine du Mexique, s'intègrent naturellement dans le paysage. Le terme « mbuzi », dont le titre est dérivé, signifie « chèvre » en kiswahili et commence comme un objet discret, tel une râpe à noix de coco, que l'on trouve partout le long de la côte est-africaine. Ici, il devient un artefact transfrontalier, un signe que quelque part dans cette nature luxuriante, on trouve aussi des êtres humains. Ce qui se présente de manière si discrète se transforme ensuite en un commentaire ancré dans la vie quotidienne, dont la forme et l'histoire reflètent le croisement entre culture, importation coloniale et inégalité des pouvoirs. L'objet discret devient ainsi un témoin silencieux des mouvements coloniaux – il initie un jeu narratif entre la forme, la signification et l'histoire culturelle, un jeu qui raconte les expériences humaines, les rencontres sur place et la certitude que la nature ne peut être apprivoisée. Ce chevauchement des niveaux sémantiques (six pierres et un tamis dans le processus d'impression) renforce l'idée d'un espace qui modifie notre vision par l'expérience sur place – chaque couche de couleur étant un fragment d'espace, de temps et de dépassement des frontières.
La série de lithographies « Mbuzi » a été créée en 2024 en collaboration avec la collection Karl Braun (Museen State) et en plein air dans les montagnes Umbara en Tanzanie.
Stefanie Stolle
Historienne de l'art et coordinatrice de projet, spécialisée dans l'histoire contemporaine et l'histoire des collections